Le train m’emmène loin. Je n’avais plus la force
De regarder mes bois, mes branches qui se brisent
Sous le grand bulldozer. Brocéliande agonise.
J’ai refermé mon cœur, j’ai durci mon écorce.
Le train m’emmène loin. Me voici résignée.
Sans couronne de lierre ou robe de feuillage,
Je vivrai, engloutie parmi tous ces visages.
La dryade déchue fuit vers la ville éloignée.
Le train marque l’arrêt. Arrivée à la gare,
Je me mets à pleurer. Sur les quais laids, blafards
Tout est gris, même l’air, et le tronc de ce hêtre.
J’approche et sous mes pieds, l’asphalte est craquelé,
Les racines de l’arbre ont su le transpercer.
Maintenant je souris, la forêt va renaitre.