Fugace

Appelez donc moi fée, car vêtue de lumière,
Fugitive lueur, j’apparais sous vos yeux.
Ce lieu est mon royaume et de mon corps de feu,
Dans la profonde nuit, je réchauffe et j’éclaire.

Mon Éden silencieux, aux portes du hameau,
Est un champ de statues et de lierre grimpant
Où le saule pleureur ondule sous le vent.
Mais mon si beau jardin est cerné de barreaux.

Ses portes de fer lourd me sont à jamais closes.
Jamais, jamais mes yeux ne verront autre chose
Que le marbre dormant aux pieds d’anges de pierre.

Trop fugace est ma vie pour qu’on m’appelle fée.
Trop frêle et chancelant, jamais, moi, feu follet,
Ne franchirai la grille usée du cimetière.

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